LE DECLIC
Clair et net : dans un récent rapport publié par le puissant VDA (Verband der Automobilindustrie), il est écrit noir sur blanc que « la production de véhicules électriques nécessite globalement moins d’emplois que par le passé ».
L'étude va jusqu'à évoquer 200.000 emplois en Allemagne. Un petit calcul rapide me fait arriver à 120 à 145.000 en France. Et c'est déjà parti ...
En effet, l'actualité économique de ces dernières semaines est remplie d'annonces de fermetures d'usines ou de plans de licenciements. On notera d'ailleurs que toute la filière est concernée : constructeurs et équipementiers. Beaucoup, mais pas tous.
Effectivement, quand on se penche sur les métiers concernés, ceux dans les domaines de la mécanique, de l’ingénierie industrielle et de la métallurgie, ont par exemple perdu de leur importance. En revanche, les métiers dans la R&D, l’informatique, l’électronique et le développement de logiciels sont de plus en plus recherchés.
Ce n'est pas un scoop, mais une confirmation claire qu'auraient pu (et dû !) envisager et concevoir nos ministres et notre PFA il y a plusieurs années déjà. Que nenni : au contraire l'aveuglement est demeuré. Pire des dogmatismes sont apparus. Et nos politiques se gorgaient de la réindustrialisation (!) comme de l'ouverture d'usines de batteries en France. Cocorico !
Or que se passe-t-il ? C'est simple : le "tout électrique" est (entre autres phénomènes induits) une catastrophe pour l'emploi. Il est intéressant de noter que SEUL, le volet de l'emploi est en train de faire bouger les lignes (politiques) comme de réveiller les consciences (journalistes et politiques) sur l'erreur majeure, la faute, du "tout électrique".
Les spécialistes, eux, prêchaient dans le désert et tels Cassandre, n'étaient (surtout) pas écoutés. On se souviendra des multiples articles sur le sujet ...
LA FAUTE, LES FAUTES
C'est la triste histoire d'un dogme absurde.
Et comme le sujet est complexe et vaste, il est devenu une vague. Une vague de fausses certitudes, devenue un dogme politique et environnemental. Une doxa. Et ce dogme est une faute, celle ci elle même composée de différentes "sous-fautes"
1. La première faute du tout électrique est son caractère obligatoire et le désolant "100%". Lamentable. Il fallait, comme toujours en économie, préserver les autres filières de motorisations et se fixer des plans progressifs sur 15 à 20 ans. Même si l' environnement est en jeu.
Les technocrates, énarques et fonctionnaires bruxellois portent une lourde responsabilité. Les politiques encore plus. Les ayatollas verts en portent une écrasante. Irresponsables, on va maintenant les entendre bêler pour sauvegarder les emplois. Tous ensemble, par incompétence et/ou dogmatisme, ils ont généré une catastrophe industrielle, économique et humaine. Quand aux bobos, ... je me tais. L'Europe, par ailleurs en diffficultés, n'avait guère besoin que cette clique d'inconséquents ne se penche sur ce qui demeurait l'un de ses fleurons économiques. Patatras !
Et la casse est arrivée, se poursuit, ... va s'amplifier. Car c'est le "volet emploi" des impacts de ces décisions qui rattrape l'Europe, et en particulier une France affaiblie par ailleurs.
2. La seconde faute réside dans la finalisation et l'optimisation du concept : autonomie, durabilité et risques. Le triple sujet est encore mal maîtrisé : Arcachon - Paris avec une Tesla et 2 arrêts ? de qui se moque-t-on ? Le recyclage et les garanties : pas top. De nombreux articles circulent sur ce sujet. Réseau de bornes en campagnes : des laissés pour compte. A mon avis, on a mis la charrue bien avant les boeufs.
3. La troisième faute est celle de la production électrique. La France peut arguer de son parc nucléaire (cher aux bobos-écolos ...), mais que dire de l'Allemagne ? produire de l'électricité, plus à beaucoup plus, avec du charbon ? on marche sur la tête.
Et nos iles ? Quid de nos DOM-TOM ? vous les voyez avec du 100% électrique ?
ALORS QUE FAIRE MAINTENANT ?
A mon avis, les conséquences et implications sont claires. Il convient de :
- freiner encore plus les importations et les achats de VE chinoises ;
- différer les directives stupides de l'UE en matière de tout électrique. Mieux, si possible les réecrire ;
- bloquer la technocratie bruxelloise et ses amendes débiles à sa/notre propre industrie. Là on se tire vraiment une balle dans le pied : coller des amendes de centaines d emillions à Stellantis ou Volkswagen, tout en ouvrant la porte aux chinois, c'est une hérésie totale ;
- promouvoir enfin une "offre multiple" (VE, thermiques, hybrides, ...) avec des pourcentages glissants sur une dizaine ou une quinzaine d'années, adaptables à la marge, pays par pays en EU. Du style 25 / 35 / 40, puis 30 / 30 / 40, puis 40 / 30 / 30 ... ;
- préparer le double futur : batteries de nouvelles générations (moins lourdes, plus vite rechargeables et offrant une plus grande autonomie) et leur filière recyclage, préparation de la filière hydrogène.
- et spécifiquement pour la France de Michel Barnier : revoir fondamentalement notre compétitivité (coût du travail, productivité, 35h, charges, taxes, contraintes sociales, ...) qui nous plombent lamentablement depuis 45 ans.
Je le dis depuis 7 ans. Voir entre autres mon papier sur le WSC d'octobre 2020, sur ce même blog.
Beaucoup ont pratiqué la politique de l'autruche. Mais maintenant la situation est plus grave, tant dans les têtes des politiques et les bureaux associatifs que sur le terrain de l'emploi. Sans parler de l'offre et des marchés.
En arrière plan, une seule vertu : le COURAGE. Cela concerne également la profession, dont certains managers sont trop souvent dogmatiques, et très peu ... disruptifs.
Jacques Chirac l'avait dit en 2002, et j'emprunte sa phrase qui s'applique clairement à l'automobile européenne : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Tout est dit. Et l'on revient au courage ...