Il y a près de 200 ans, Charles Darwin avait annoncé qu’en matière d’évolution des espèces, ce ne sont ni les plus forts ni les plus intelligents qui survivent, mais les plus adaptables. En ces temps de disruption, il a immensément raison. Et voici pourquoi.
Que vivons nous en effet depuis maintenant quelques années ?
Une vague de disruptions majeures, le plus souvent facilitées par l’accélération de la digitalisation de l’économie (mais pas exclusivement), qui provoque des secousses en profondeur de tout notre système économique.
La notion même de Disruption est un Néologisme assez en vogue, qui cache en fait une réalité économique cruelle : notre monde est bousculé, incertain, instable, … et les Business modèles les plus classiques sont remis en cause.
Le concept même de Disruption commence à être théorisé.
La Disruption n’est pas qu’une vague, elle peut également être un Big-Bang. Car un autre concept, plus fort, est également apparu : l’Ubérisation. Ainsi Maurice Lévy (CEO de Publicis) s’exprimait ainsi dans une interview il y a deux ans « …c’est l'idée qu'on se réveille soudainement en découvrant que son activité historique a disparu ». Vrai, très vrai !
L’origine en est assez simple : l’évolution des technologies et la digitalisation s’accélèrent et se poursuivent inexorablement. Celles-ci créent des fractures (entre entreprises, entre humains, …), qui à leur tour ouvrent la porte à des innovations de rupture, des disruptions.
Et provoquent de fortes secousses, voire mettent en cause des pans entiers de l’économie. Les exemples sont nombreux des secteurs déjà disruptés (compagnies aériennes, librairies, taxis, agences de voyages, banques de proximité, …) ou à venir (pharmacies, notaires, assurance, éducation, …)
Or ces entreprises sont pilotées, sont managées par des « êtres humains » qui souvent, n’ont rien vu venir. Ou n’ont pas pu ou su agir. Ou les deux.
Car l’évolution humaine est par essence positive et adaptée (l’homme veut bien faire), mais limitée par nature (ses capacités sont toujours limitées : compréhension, volonté, temps, ressources financières, prise de risque et hésitation, …). Car son évolution (possible) est aujourd’hui plus lente et inférieure à l’évolution technologique, et freinée par la notion de peur de l’inconnu et du risque, quand ce n’est pas par les conflits d’intérêts ou les rivalités internes, le manque de vision ou d’ambitions…
De même, l’évolution des entreprises, qui est « naturellement » lente et prudente, lourde et couteuse, est (le plus souvent) plus réactive que décidée. Car elle est souvent le « territoire » d’enjeux immenses.
Derrière ces points, en filigrane de ces facteurs : l’être humain.
Ce n’est pas d’intelligence dont il s’agit (les entreprises sont remplies de « gens très intelligents »), ce n’est ni de force ni de puissance dont il s’agit (les Groupes ont encore plein de ressources financières, il suffit par exemple d’arbitrer différemment dans les budgets, ou de passer son marketing au LowCost (cf. un précédent Post sur ce sujet). Mais il s’agit bien de compréhension d’un monde en changement, de vision d’une situation qu’il convient de faire évoluer, … et donc in fine d’adaptabilité.
Nous noterons au passage que ce phénomène touche également les sphères politiques et syndicales qui se montrent le plus souvent en retard par rapport aux évolutions sociétales, quoiqu’elles en disent. Lois sociales, temps de travail, fiscalité, représentativité des salariés, mille-feuille des administrations, abstentionnisme ou partis « alter » … les modèles en vigueur il y a encore 25 ans se ringardisent très très vite.
Demain, d'autres nous apprendront d’autres modèles, si nous ne savons ou ne pouvons pas nous même nous « ré-écrire ».
Darwin a donc raison une deuxième fois.
Non seulement sur ses théories de l’évolution (passée), mais sur cette nouvelle situation d’un monde qui évolue plus vite que la compréhension humaine du XXI° siècle (basée sur celle des XIX° et XX° siècles) ne l’autorise à une majorité d’acteurs. Qui sont peu ou prou "dépassés" !
En plagiant Darwin, j’oserais formuler que ce ne sont donc ni les plus forts ni les plus intelligents qui vont développer et pérenniser leurs activités, mais les plus adaptables.
Nous sommes donc en plein Change Management.